Après Antoine Tassy en 1973, un nouveau nom rejoint le panthéon du football haïtien : celui de Sébastien Migné. Depuis le 18 novembre 2025, le technicien français est devenu le deuxième sélectionneur à qualifier Haïti pour une Coupe du monde senior masculine, un exploit historique qui le place au rang des architectes majeurs du football national.

L’histoire aurait pourtant pu prendre un autre tournant. Nommé le 23 mars 2024 par la Fédération haïtienne de football, Migné héritait d’une sélection meurtrie par une série de sept défaites consécutives et fragilisée par l’ère Gabriel Calderon Pellegrino. Son premier match, un nul 1-1 contre la Guyane française, avait offert quelques signes d’espoir malgré les absences de cadres comme Johnny Placide ou Ricardo Adé. Duckens Nazon, capitaine d’un soir, avait inscrit l’unique but haïtien sur penalty.

La reconstruction, étape par étape

La mission était claire : ramener Haïti en Ligue A de la Concacaf, disputer la Gold Cup 2025 et décrocher une qualification pour le Mondial 2026.
La première partie du plan fut exécutée avec brio. Entre septembre et novembre 2024, Haïti a balayé Porto Rico (4–1, 3–0), Sint-Maarten (8–0, 6–0) et Aruba (3–1, 5–3), terminant en tête de son groupe et retrouvant l’élite continentale.

La Gold Cup, elle, a servi de laboratoire. Malgré une victoire convaincante en amical contre l’Azerbaïdjan (3–0), les Grenadiers ont quitté la compétition dès la phase de groupes : défaite contre l’Arabie saoudite (1–0), nul contre Trinidad et Tobago (1–1) et revers serré face aux États-Unis (2–1). Une trajectoire poussive qui, ajoutée à la lourde défaite 5–1 contre Curaçao en juin 2025, avait suscité de vives critiques autour du sélectionneur.

Le tournant des renforts et l’ultime phase des éliminatoires

Pour aborder la dernière phase des qualifications, Migné a pu compter sur des renforts de poids : Jean-Ricner BellegardeYassin FortunéJosué Jérémie CasimirHannes Delcroix, entre autres. Ce renouveau a permis aux Grenadiers d’aborder la phase décisive avec plus de densité technique et d’équilibre.

Face aux trois adversaires du groupe C — Honduras, Costa Rica, Nicaragua — la sélection haïtienne a livré un parcours accroché mais efficace :
• Honduras : 0–0, 0–3
• Costa Rica : 3–3, 1–0
• Nicaragua : 3–0, 2–0

Avec 11 points, Haïti a terminé en tête, obtenant son billet direct pour la Coupe du monde 2026.

Un état de service solide

Depuis son arrivée à la tête des Grenadiers, Sébastien Migné a dirigé 21 matchs, pour un bilan positif de 12 victoires, 5 nuls et 4 défaites, avec 33 joueurs utilisés. Une progression linéaire, construite malgré l’exil sportif imposé par l’insécurité en Haïti, les contraintes logistiques et l’absence prolongée d’un véritable terrain national.

Une place parmi les bâtisseurs

En devenant le premier sélectionneur depuis Antoine Tassy à mener Haïti à une Coupe du monde masculine, Migné rejoint également deux autres techniciens français ayant qualifié des sélections haïtiennes :
• Marc Collat (U20 féminines, 2018)
• Nicolas Delépine (sélection féminine senior, 2023)

Chez les seniors masculins, il succède à une longue lignée de techniciens français — Paul Barron, Marc Collat, Patrice Neveu — mais est le premier de l’ère moderne à transformer l’essai.

L’avenir : viser au moins une victoire en Coupe du monde

En attendant le tirage prévu le 5 décembre à Washington, Haïti envisage déjà de renforcer son effectif. Les responsables de la FHF promettent une équipe encore plus compétitive pour 2026, avec un objectif clair : remporter au moins un match en phase finale, une première dans l’histoire du football haïtien.

En guidant les Grenadiers vers le Mondial, Sébastien Migné a écrit son nom en lettres dorées dans le livre du football haïtien. La suite dépendra désormais de sa capacité à transformer ce premier exploit en élan durable sur la scène internationale.

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